Nous évoquins, dans la guerre du Pacifique, l'histoire des kamikazes Japonais.
Moins connus étaient leurs homologues germaniques.
En lançant 800 avions-suicide à l'assaut d'un seul grand raid de bombardiers américains, Herrmann estimait que 400 d'entre eux parviendraient à un abordage se traduisant par la destruction d'autant de bombardiers.
Il estimait également que, sur les 400 pilotes ainsi transformés en kamikazes, la moitié d'entre eux, soit environ 200 pilotes, parviendraient à s'extraire de leur appareil endommagé, et à sauter en parachute.
Les pertes allemandes seraient donc sévères, mais assurément plus supportables pour un régime nazi aux abois que pour l'opinion publique américaine.
Comme l'expliqua Herrmann fin mars 1945, "ces opérations sont les seules qui pourraient avoir une efficacité quelconque dans les circonstances présentes. Elles ne sont en aucune manière plus coûteuses en personnel que les opérations ordinaires; elles ne consomment qu'un tiers d'avions en plus, et entre 1/5 et 1/10 de carburant supplémentaire que de coutume (...) [pour être efficace] l'opération devra impliquer au moins 650 pilotes (...) nous devons obtenir un succès si massif que l'adversaire sera contraint de modifier ses méthodes et de réduire la fréquence de ces attaques" (1)
Le problème, c'est qu'à cette date, moins de 250 pilotes-suicide se trouvaient en formation, dont seulement 150 immédiatement susceptibles d'être lancés contre l'ennemi.
Avec un nombre aussi faible, les résultats le furent tout autant, et certainement pas de nature à dissuader les bombardiers américains de s'aventurer dans le ciel allemand : le 7 avril 1945, 120 Me-109 suicide furent lancés contre une force de 1 300 bombardiers américains protégés par un nombre quasiment équivalent de chasseurs. Seuls 8 bombardiers furent détruits par abordage au terme de cette opération qui vit également la perte de 59 chasseurs allemands.
Décevante dans ses résultats, la première action-suicide de la Luftwaffe contre les bombardiers américains fut aussi la dernière : au début avril, les Russes, qui n'étaient plus qu'à 50 kms de Berlin, avaient lancé leur offensive finale sur la capitale du Troisième Reich, qui s'effondra un mois plus tard...